vendredi 14 avril 2017

la isla minima



LA ISLA MINIMA 
d'Alberto Rodriguez 


A l'heure ou sort le dernier film de ce réalisateur. Il est grand temps de poster la toute première critique que j'avais posté ailleurs chez moi.

Choisir un premier film dont j’aimerais parler n’est pas simple, mais “La Isla Minima” d’Alberto Rodriguez s’est vite imposée. Je connais peu le cinéma espagnol, mes rares expériences étaient quasi toujours signées Pedro Almodovar; mais mon amoureux en est friand et il me fait découvrir peu à peu sa diversité. Parfois miraculeusement on peut le voir en salle. C'est comme ça que j’ai découvert la pépite “La Isla Minima” et ce thriller andalous m’a enchanté.

Cette histoire est avant tout l’histoire de deux hommes, deux policiers mal assortis. Ils se retrouvent au milieu de la campagne andalouse qu'ils ne connaissent pas, pour élucider la disparition de deux sœurs de 14 et 16 ans, le tout le 20 septembre 1980.
Pedro, interprété par Raúl Arevalo, est le jeune loup, bientôt papa, l’incarnation de cette Espagne post franquiste qui se cherche. Puis il y a Juan, joué par Javier Gutierez Alvarez, un policier d'une petite quarantaine d'année ayant œuvré sous Franco, et qui traîne avec sa silhouette la suspicion.
Les corps des deux sœurs sont trouvés dans un bras du fleuve qui flanque le petit village. Très rapidement, ils arriveront à cette conclusion:plusieurs filles ont disparu, toujours à la même époque de l’année, lorsque la fête foraine est là. Il y en a eu au moins trois durant les années précédentes.
Cette histoire aurait pu n'être qu'un simple thriller de base, efficace et bien mené, mais c'est plus que ça ! Le réalisateur joue avec les superbes paysages pour nous envoyer des signaux contraires. On est plongé tout de suite dans une ambiance à la True détective, avec le binôme, la musique, le rythme des images, une magie qui prend immédiatement. Dès le générique, les magnifiques photos de l’artiste Hector Garrido vous font vous interroger sur ce que vous voyez: des images d’un cerveau ou des photos de la campagne andalouse ?
Les couleurs 80’s sont utilisées pour rendre digeste les horreurs que l’on croise. Pas une image sans cette lumière ocre et chaleureuse, pas une scène sans touche de marron “chocolat” ou de jaune moutarde, rendant presque chaleureux ce village pourtant pauvre, austère et rude.
Cette histoire est aussi portée par la météo. Il fera toujours beau, et ça accompagnera ces policiers tout au long de leurs investigations. La pluie ne sera présente qu’au moment du dénouement de l’intrigue, rendant l’image abrupte, violente, et froide comme la lame d’un couteau, comme la situation.
J’aime ce thriller, j’aime sa forme, et ce twist de fin qui nous fait vaciller sur nos certitudes. J’apprécie tout particulièrement l’ancrage de ce film dans son époque, cette ère Post Franco, dans une Espagne très marquée qui se cherche et cache ses divisions.
Il y a un vrai discours sur la pauvreté, et la crise que traversait cette époque. Les jeunes filles disparaissent car tout le monde les croient parties dans un autre pays. mais chacun est tellement occupé à survivre que personne n’y fait cas.

Le seul qui semble être adapté à son époque, et à ses codes, est Juan. Il trouve sa place, et agit correctement en ne gardant comme séquelle de son passé qu’une légère propension à la violence.
Il y a dans ce film une vraie vision de l’importance que l’on donne aux femmes pendant ces périodes difficiles. C'est d’abord la femme de Pedro, inexistante à l’écran presque autant que dans la vie de son époux. Elle n’est là que pour porter l’enfant. Les victimes et Marina, toutes abusées pendant des mois avant leurs disparitions, toutes prêtes à fuir pour survivre, puis toutes évaporées dans la nature, et pourtant cela n'inquiète presque personne.
Ce sont des êtres fantomatiques voulant exister, mais au final elles ne sont réifiées que par des hommes. Celle qui semble la plus vivante est la maman des adolescente tuées, mais il est clair que pour pouvoir trouver sa place elle a du passer sous les fourches caudines de la société. Elle semble presque aussi jeune que ses filles, et elle ne se confronte pas à son mari qui a un comportement de butor, elle passe par Juan. Et pour témoigner, elle va près d’un calvaire hors de la ville, elle ne prend une place dans la société que loin de ce qui l’entoure quotidiennement.

J’ai adoré ce film, il n’est ni manichéen, ni désabusé, il est comme un livre de photos sur papier glacé, beau et sans compromis. Ce que l’on voit peut piquer les yeux, mais ce n’est que le reflet de la vérité de l’homme derrière l’objectif.






jeudi 13 avril 2017

Ghost Dog




GHOST DOG
jim Jarmusch


Il y a bien longtemps que j'ai découvert ce film. Mais mon amoureux ne le connaissait pas. Depuis des années on l'a en dvd, et jamais on avait pris le temps de le regarder. Mais après avoir vu Paterson, j'ai décidé de voir et revoir plusieurs films de Jim Jarmusch dont celui ci.

Ghost dog est le nom de samouraï que s'est choisi notre héros. Il vit sur le toit d'un immeuble du New Jersey, ou il élève des pigeons et lit l'Hagakure, le code du samouraï. La nuit il sort, et va travailler, il est tueur à gages. Un jour, il reçoit la mission de tuer un homme, qui couche avec la nièce d'un mafieux. Et finalement c'est lui qui se retrouve au centre des problèmes.
Il est difficile d'écrire sur ce film que j'ai pourtant adoré. Ça fait plusieurs jours que j'essaie mais en vain. Je pense que le fait qu'il soit à la fois épuré dans sa forme et riche dans son contenu ne simplifie pas l'exercice.
Le postulat est basique, on l'a déjà vu. Et c'est en ça qu'il ressemble tant au film de Melville dont le réalisateur revendique l'influence. Mais ici c'est pour faire mieux ressortir des valeurs fortes d'honneur et d'intégrité.
Le scénario et la réalisation sont dépouillés, simples et efficaces. Les dialogues sont peu nombreux, ghost dog est peu causant comme personnage. Mais les silences sont explicites.
Il a des échanges formidables (dignes de la pataphysiques) avec son meilleur ami qui parle français, alors que le tueur ne parle qu'anglais. Il n'y a aucune communication réelle mais ils sont en phase. Ils prononcent les mêmes mots dans deux langues différentes. Il paraît incroyable qu'ils aient réussi à se trouver. Pour moi c'est l'un des passages les plus forts du film.
Pour ne pas transformer ce film taiseux en film silencieux; jim Jarmusch l'habille avec un choix musical très audacieux. A la fois en prise avec la période ou ce film est sorti très fin des années90 (des morceaux de rap et d'autres plus électroniques) mais aussi certains plus intemporels qui eux sont les repères de l'état d'esprit de notre personnage central.
La réalisation est sans fioriture, mais tellement efficace! Car tout ce que l'on ne retrouve pas dans des effets spéciaux, ou dans des choix aventureux de décors il le met dans la poésie du film. Il y a un passage absolument magique avec un bateau (pour toute personne qui pense que c'est impossible sachez que dans la ville ou on habite il y en a un dans un endroit similaire)et tant d'autres choses...
Puis il y a les thèmes de ce film. Thèmes que l'on retrouve dans les enseignements des samouraïs. Cette philosophie est déclinée pendant tout le film. Les livres lus sont l'hagakure et Rashomon. Ghost dog revendique cette doctrine et en applique les codes. Il est fidèle autant en amitié qu'envers celui qui un jour lui a sauvé la vie, il transmet ses valeurs, il combat avec honneur...
Ce film est plein de bons acteurs, mais c'est forest whitaker qui le porte, et qui est présent dans chaque scène. Il ne parle quasiment pas. Tout est expliqué par un regard, par une manière de bouger de se mouvoir. C'est une leçon d'acting.

J'aime Jim Jarmusch, j'aime sa poésie, et ce film est l'un de ceux qui me touche le plus par son intégrité et l'ambiance qu'il dégage.

mercredi 15 mars 2017

The Book of Life




THE BOOK OF LIFE
de Jorge R Gutierrez


Il y a des films qui vous tiennent plus à cœur que d’autres que ce soit pour leurs propos ou les conditions particulières ou vous les avez vu.Certains d’entre eux vous rappelleront Noël et l’odeur du chocolat chaud, d’autres à quel point vous vous êtes senti vivant après leurs visionnages, prêt à croquer tout ce qui se passait dans votre vie. Celui ci est très particulier pour moi, c’est pour cela que j’ai hésité à écrire sur lui. Il me semble que je ne pourrai jamais le voir sans mon amoureux, ou sans pouvoir prendre sa main et la serrer. Mais ce n’est pas qu’un film “madeleine de Proust”, c'est une oeuvre détonante et atypique dans le monde de l’animation porteuse de messages forts

L’histoire commence avec l’arrivée au musée d’un groupe d’élèves n’étant pas sûre de vouloir être là. Mais une guide magnifique attend qu'ils qui arrivent, et instantanément monopolise l’attention des garçons, et hypnotise les filles. 
Elle ne les fait pas rentrer dans les salles principales, mais ils passent par une porte dérobée et se retrouvent dans une salle pleine de couleurs vives qui est consacrée au jour des morts, la fête mexicaine. Pour illustrer ses propos la jolie guide ouvre un énorme livre aux allures grimoire “the book of life”.
Elle souhaite leur raconter l’histoire de trois enfants. Manolo, fils d'un toréador, qui veut juste jouer de la guitare et chanter, alors que son père le rêve en matador descendant dans l’arène comme tous les hommes de sa famille. Joaquim dont la statue du père mort au combat trône au milieu de la ville, semble terriblement seul. Puis il y a Maria, la fille du gouverneur. Maria est une fille d’aujourd’hui dans les habits d’époque. Dès toute petite elle rêve d’autonomie, se bat avec les garçons, et les regarde gonfler leurs plumes pour la séduire. Témoin de ce combat de poussins qui se voient comme des coqs, la muerte et xibalba font un parie. la muerte qui est représentée par une magnifique femme aux cheveux noir de geai et aux tenues flamboyantes parie que le petit Manolo gagnera le coeur de Maria. La muerte est une déesse ou un ange, elle garde “the land of remembered”. Un lieu plein de couleurs ou les âmes des gens aimés et décédés se retrouvent. On y fait la fête, les mets sont succulents, et même si le manque des vivants se fait sentir, il fait bon y être. Xibalba quant à lui est le gardien des “Land of forgotten “ c’est une créature aux allures de petit bonhomme coriace. Il gère un pays froid et gris ou sont envoyés les âmes des gens qui n’ont personne pour chérir leurs souvenirs. Il parie que Joaquim séduira Maria, et s’il gagne ces deux divinités échangeront leurs domaines. 
Mais maria est envoyée en pension pour apprendre à bien se tenir. On ne retrouvera ces trois personnages qu'une fois devenus adultes, Maria est belle à en mourir, Joaquim coaché par le père de Maria est devenu un héro de l’armée, et Manolo est toujours déchiré entre sa guitare et ce que son père attends de lui. Et c'est la que commence le film. 
Dans ce film tout est beau, coloré et magnifique. le graphisme est difficile à décrire tant il est un pur bonheur pour les yeux. Les partis pris sont forts. la palette des couleurs est vive. A la manière de ce que l’on peut imaginer des calaveras mexicaines. Toutes s’imbriquent et se complètent magnifiquement. 
L’autre choix audacieux est la représentation des personnages. L’histoire est celle d’hommes, et pourtant ils ont un graphisme proche de ceux des pantins (peut être car ils sont les marionnettes dans les mains du destin). Et cependant, par la magie du talent de Gutierrez tout est crédible est on s’identifie parfaitement aux personnages.
Je vous ai parlé du média lumineux et chaleureux qu’est ce film.
Mais il est plus que ça, il est porteur de valeurs et de notions fortes. Si certains ont vu la revisite du mythe d’Orphée, ce film est avant tout une histoire sur l’amour. Sur l’amour entre un homme et une femme, un amour qui permet de tout affronter, même quand c’est effrayant, même quand tu as peur à en mourir. Tu peux tout affronter pour avoir juste le droit de tenir la main de celui(celle) que tu aimes. Un film sur l’amour filiale,des parents, des grands parents,un sentiment maladroit, imparfait, plein d’incompréhensions mais extrêmement fort; et sur l’amitié, qui surmonte tout.
Mais plus que tout c'est un film léger sur le deuil. Et sur comment on survit à ses parents. Pourquoi il faut penser à eux avec le sourire, et pourquoi l’amour que l’on porte à nos morts, fait de nous qui on est, et peut nous aider à avancer et ne pas être un poids
Finalement c'est une ode à l’acceptation de soi. Un plaidoyer pour que l’on arrête d'essayer d’être quelqu’un que l’on n'est pas mais que les gens qui nous entourent projettent sur nous. Un encouragement à se trouver, pour pouvoir vivre sereinement.

Il m’a été difficile d’écrire sur ce film tant pour moi, il est riche. C'est un moment d’une esthétique recherchée, et qui ne délaisse pas le sens. Lorsque mon père est mort, j’aurai voulu que ce film existe pour que je puisse le faire voir à mon petit frère pour qu’il en tire force et l’optimisme.

Si vous avez aimé ce film, si son graphisme vous a fait du bien, sachez que le réalisateur jorge R Gutierrez peint et en ce moment expose de ses œuvres. Je vous mets le lien de l’article de ma moitié, pour que vous puissiez prolonger la découverte de son univers pepsi.



jeudi 2 mars 2017




GRAVE de Julia Ducournau



il y a quelques mois je publiais mon avis sur Grave sur un autre blog. il était tranché. le temps a passé et aujourd'hui que ce film est décanté. il me reste que le souvenir fort de ma rencontre avec ce film. une sorte de cicatrice que je chéris. et une expérience que je conseille à tout le monde.


Je ne vous parlerai pas de l'histoire de ce  film. J'ai décidé de vous laisser y avec le même bagage que moi. Une jeune fille entre à la fac, enfin ici en première année de véto. Végétarienne, elle se retrouve à devoir manger de la viande crue pendant un bizutage. A partir de là des choses vont se passer. Voilà tout ce que je vous dirai. Éventuellement la veille du jour ou vous irez le voir en mars prochain je vous donnerez une liste de nourriture qu'il ne faut plus que vous ayez chez vous, quand vous rentrerez de votre séance. Ce film est une expérience, ça ne sert à rien de la galvauder.
Mais je peux saluer des choses, d'abord la scénariste qui est aussi la réalisatrice, pour avoir explosé mes repères. Pour avoir su m'amener gentiment à des endroits ou je ne voulais pas aller dans cette fac pourrie est grise, face à l'horreur qui se cache en nous, devant la part d'ombre la notre et celle des autres que l'on ignore. Mais aussi pour avoir su provoquer en moi, physiquement des choses . Ce que je n'ai pas vu venir. Pendant plusieurs heures l'idée même d'avaler quelque chose ne serai-ce que du café, me donner envie de vomir. Il faut que vous sachiez que pendant des années j'ai été aide soignante, dans des services toujours bien hard core. Jamais rien ne m'a empêché de manger, et je pensais que ce serait toujours le cas, ben non; chapeau madame.
Je me suis demandée si c'était parce que j'étais végétarienne et que je comprenais le rapport initiale de l’héroïne à la viande, parfois si c'était par ce que j'avais les cheveux longs. Mais je crois que c'est parce qu'elle est hyper talentueuse. Et que sa réalisation à quelque chose de vaudou. Et que c'est une bonne chose.
Le deuxième atout du film c'est un putain de casting.
Ils sont trois à tenir l'histoire, et ça tombe bien car on oublie les autres, tant ils habitent l'écran. D'abord l'homme, Rabat Nait Oufella, acteur aussi talentueux que beau. Il est l'ami, le frère, le coloc que l'on veut tous. Il habite son rôle avec une aisance et sincérité qui fait du bien. Son incroyable talent rend tout probable, il peut tout jouer. Puis il y a le tandem des deux sœurs et Ella Rumpf est l’aînée. Elle incarne la dualité de ce statut familial; étant parfois protectrice, souvent pénible devant cette petite sœur très agaçante. Elle arrive à incarner ces variations frénétiques. Elle encaisse et donne de l'épaisseur aux climax du film avec aisance et subtilité.
Puis il y a le personnage principal du film, Justine interprétée par Garance Marillier, elle est formidable, elle traverse ce film avec son teint de porcelaine et ses frêles épaules en dégageant une force incroyable. Parfois semblant aussi fragile qu'un oisillon avec des choses à portées bien trop lourdes pour elle, d'autre fois elle est une pure prédatrice en robe de cocktail. Elle a un jeu impeccable et riche. Elle sait provoquer la sympathie en toutes circonstances même les plus gores. Elle incarne ce film elle n'est pas que le visage sur l'affiche, son charisme et son talent rendent tout possible. Rabah Nait Oufella dévore l'écran, il est animal et sexy en diable. il détonne dans la grisaille de cet univers. quant à ella rumpf il y a peu de mot pour décrire à quel point elle est hypnotique.

Ce film empêchera quiconque en 2017 de dire que le cinéma français se résume aux films déprimés et aux comédies bien lourdes. C'est pour des films comme lui que l'on blogue et que l'on va au cinéma. Pour des films comme celui-ci qui vous secouent sans jamais tomber dans la facilité. A l'heure des cartes d’abonnements et au films mille fois rebootés; il fait du bien, par sa différence et par ce qu'il promet pour les prochaines années tant en plus d’être super bon, il est un vivier incroyable. Il faut le voir, je ne dirai pas que j'ai aimé, je n'aime pas être malade, je n'aime pas perdre le contrôle de mon corps. Mais c'est du bon cinéma, de l'excellent même et à tous les niveaux et ça on ne peut pas se permettre de passer à coté




samedi 25 février 2017

les figures de l'ombre



LES FIGURES DE L'OMBRE
(HIDDEN FIGURES)
de Théodore Melfi

Hidden figures est un choix presque par hasard. Si mon amoureux n'en avait pas entendu parler on serait passé à coté. Peu de publicité a été faite autour de ce film qui pourtant retrace un moment clé de la conquête spatiale.


En 1962 , alors que la ségrégation bat son plein, des femmes noires travaillent au centre de langley. Elles sont des génies . Elles calculent plus juste et plus vite que n'importe qui d'autre. Elles sont engagées pour effectuer les calculs et vérifier ceux des ingénieurs. Ce film suit trois de ces femmes, trois amies méritantes, les trois plus symboliques. Il y a Katherine Johnson qui aura un rôle déterminant dans le vol de friendship 7.
Dorothy Vaughn superviseur des femmes de couleurs, elle a les fonctions mais ni le titre ni la paie. Elle est une femme visionnaire elle saura anticiper l'un des plus grands changement de son temps, étudiera,et mettra à l’abri les femmes qu'elle encadre. La troisième Mary Jackson est si brillante qu'un ingénieur ne veut plus travailler qu'avec elle et la pousse à devenir elle même ingénieur, pour cela elle bougera des montagnes et combattra pour toutes les femmes.
Ce film a une importance capitale pour tout un chacun. Il est un témoignage sur une époque, sur une manière de penser, et d'agir. Il est difficile de parler de ce film sans spolier. Mais il a un écho très particulier aujourd'hui ou les pires comportements et idées haineuses resurgissent. Il est formateur de voir comment la ségrégation se cache dans les habitudes, et à quel point il est nécessaire de faire attention à la haine et au racisme quotidien. Le fond du film est précieux.
Pour la forme elle est assez traditionnelle. Le déroulé est chronologique, l'image est belle et nette. Les décors sont magnifiques, et retranscrivent les inégalités entre blancs et noirs. les moments ou l'on voit ces héroïnes vivre sont bouleversants car une partie d'entre eux montrent le mépris au quotidien, il pèse même à l'écran.
Les couleurs de ce film sont vives, éclatantes, et dynamiques à l'image de notre trio.
Les costumes sont beaux.
Pour servir ce film il y a un casting magnifique. Taraji P Henson donne ses traits à Katherine. Elle la joue avec finesse et force. octavia Spencer qui est nommée aux oscars pour le rôle de Dorothy est inspirante. Et le dynamisme et la force de Janelle Monae rentrent en écho avec ceux de Mary. Elle est le sourire du trio.
Rajoutez à cela un kevin Costner qui découvre la ségrégation comme d'autres découvrent que la pluie mouille; et Kirsten Dunst qui a la tache ingrate d'incarner les personnes bien pensantes qui croyaient normal de penser qu'une personne noire devait être moins bien traitée que les blancs.
Tout est mis en œuvre par le réalisateur, pour que le spectateur est un confort de vision et puisse se concentrer sur le message du film.

Ce film est d'une efficacité parfaite. Alors qu'il retrace les événements de 1962, il nous parle d'aujourd'hui. Il fait parti des films importants que j'aurai découvert.





jeudi 23 février 2017

citizen kane



CITIZEN KANE
de Orson Welles



Il y a une majorité de films dont je pense pouvoir parler. Je me sens capable de tout dévorer. Puis je me retrouve face à la réalité. J'essaie de vous parler de mon ressenti sur un film élu plusieurs fois «meilleur film de tous les temps» et qui a obtenu l'oscar du «meilleur scénario original» en 1941, le joyau citizen kane.


Le film commence par un magnifique plan sur un portail majestueux, derrière lequel se découpe à l'horizon un château. La luxueuse demeure de Charles Foster Kane, Xanadu. Kane, l'un des hommes les plus puissants, et les plus riches de l’Amérique vient de mourir, seul avec ses serviteurs. Lors de son dernier souffle, il a fait tomber la boule à neige qu'il tenait et murmuré «rosebud». Au moment de rédiger la nécrologie de cet ancien magnat de la presse, des questions se posent qui est rosebud?
et pourquoi ce sont ses derniers mots? Un journaliste décide donc d’enquêter sur l'homme et retrace sa vie et elle commence dans une petite ville du fin fond de l’Amérique, ou sa mère aubergiste l’élevait.
La première chose qui impressionne dans ce film est le luxueux noir et blanc dans lequel il est filmé. Il est beau et intense. Un soin particulier a été porté à la lumière. La lumière et la photographie sont les ornements du film mais pas seulement. Ils représentent aussi l'état d'esprit dans lequel est notre héros. De la lumière franche quand il fait campagne, aux pièces sombres de xanadu, elles sont un vrai indicateur à l'image de l'état d'esprit de cet homme.
Welles utilise un autre de ses points forts pour nous parler de son personnage principal; c'est la construction de son image. A l'écran ce film est juste magnifique. Il y a des moment ou j'aurai voulu arrêter le blu ray, juste pour admirer comment il met en scène les perspectives, ou les effets de profondeurs.
Tout est tellement étudié, tout est si magnifique, que chaque image est une œuvre d'art à part entière. Tout ce décor, devient le reflet de la vie de Kane, de sa complexité. Lorsqu'il traverse un moment simple et apaisé, le décor est dépouillé; lorsque c'est compliqué, il y a une architecture recherchée ou alors une accumulation d'objets. On peut savoir à tout moment ou en est cet homme dans sa vie.

Même si je pourrai voir et revoir ce film pour sa photographie, et sa construction pour le comprendre et le décortiquer; la prouesse du réalisateur tient aussi à la manière dont est raconté le film. Il y a un narrateur en voix off, omniscient qui nous guide au début et à la fin du film. Puis il y a le journaliste, qui chargeait de comprendre ce qu'est « rosebud » passe de protagoniste en protagoniste. Et ce sont eux qui nous raconte la vie de cet homme avec des analepses, ou ils nous livrent un moment de leurs vies qu'ils ont partagé avec Kane et qui nous apprend quelque chose sur lui de manière subjective.
C'est le briefing, du début du film, le moment ou les journalistes préparent sa nécrologie qui nous donne la trame de l'histoire. Et chaque passage du film trouve sa place naturellement dans sa chronologie.
Tout est pensé. Même le personnage du journaliste n'est jamais face caméra, il est toujours de dos, ou dans la pénombre ou c'est filmé en vue subjective A la fin du film on ne connaît pas son visage, la seule personne que nous avons suivi pendant tout le film est le ctizen Kane. Et pourtant a aucun moment, il ne témoigne sur sa vie.
Devant la caméra, comme derrière, il y a orson welles. Oui car quand on est talentueux on peut briller de chaque coté de la caméra dans un même film. Il est Charles foster kane, dans sa complexité, et dans sa solitude au milieu de la foule. Je n'imagine aucun autre acteur capable de jouer cet homme au fil de sa vie. Même les maquillages sont exceptionnels pour des effets spéciaux de la fin des années 30.
Après il est juste l'arbre plus grand que tous les autres dans la foret, car tous les acteurs sont excellents.

Il n'y a pas à se torturer pour conclure ce billet. Regardez ce film.


jeudi 16 février 2017



QUEEN OF KATWE
de mira Nair


J'ai vu très peu de film de Lupita nyong'o, d'abord car sa carrière est courte, mais les choix qu'elle fait sont toujours ambitieux. Ne pouvant voir la pièce de théâtre qu'elle a joué à New York, j'ai décidé de la suivre sur instagram. Et c'est comme ça que j'ai entendu parlé de ce film. Je me sens coupable car si elle n'avait pas fait partie de ce projet, je ne m'y serai pas intéressée, car estampillé « disney ».

Queen of Katwé, suit la championne d'échec Phiona Mutesi alors qu'elle a une petite dizaine d'années. Pour permettre à sa famille de survivre, elle vend des épis de mais, au bord de la route de son bidonville katwé.. En effet sa maman élève seule ses quatre enfants et chacun d'entre eux travaillent pour que tous est à manger, ainsi qu'un toit pour dormir.
 A force de voir son frère disparaître, Phiona décide de le suivre et se retrouve dans le cours d'échec de Robert. Robert est un ingénieur issu lui aussi de Katwe. N'ayant personne pour le pistonner dans une entreprise il se décide à travailler pour l'église et à encadrer les enfants. Constatant qu'une partie d'entre eux viennent en voir d'autres jouer au foot mais ne peuvent pas participer, car leurs parents n'auraient pas les moyens de les soigner si ils se blessaient. Il leur propose de faire un autre jeu de stratégie moins dangereux... les échecs! Il créé un espèce de cours de d'échecs ou les enfants apprennent à jouer et peuvent manger du porridge.
C'est dans ce cours qu'arrive notre héroïne. Alors qu'elle ne sait pas lire, elle comprend tout de suite les stratégies, comment anticiper et devient vite le petit prodige de l’Ouganda. Cependant tout parcours initiatique est difficile, et c'est ça que nous suivons.

Le travail sur l'image retransmet avec beauté et parfois âpreté les couleurs de l'Afrique. Il n'y a pas un moment ou à l'image on ne voit pas la pauvreté, mais il n'y a pas un moment ou l'on ne voit pas ses couleurs chaudes sur les tissus, sur les habitations ou dans les paysages. Ce qui m'a le plus étonnée est le discours sur l'enfance de ces petits. Je m'attendais quand même à une vision très Disney. J'avais tout faux. Tiré du roman autobiographique de cette championne, on aborde la misère, la mort que ce soit des adultes ou des enfants. le manque de tout. La maternité précoce, mais également l'inquiétude quand arrive l'age ou elle devient femme.
Le racisme, et l'exclusion que provoque la pauvreté. Tout est abordé, pour certaines choses au détour d'une phrase, pour d'autre de manière plus développée. Mais ces thèmes sont portés par ces enfants plein d'entrain, ils allègent le ton du film tout en préservant le fond. Et ces thèmes passent sans jamais que le film effleure le mélodrame.

Une prouesse de la réalisation, mais elle n'est pas seule tout est justement mené. La réalisatrice articule son récit en fonction des parties importantes que joue Phiona. elles sont des marqueurs tout autant de l'évolution de son jeu que de son évolution personnelle, voire celle de sa famille. ça allège, le récit et balaie tout ce qu'il y a à balayer. Cette dextérité dans la réalisation se retrouve dans la manière de diriger son casting majoritairement d'enfants, une vraie prouesse. Ils sont tous tellement attachants, et si forts qu'ils sont inspirants.
 Les adultes sont principalement représentés par David Oyelowo et Lupita Nyong'o, ils sont parfaits , ils n'ont pas le choix, c'est le minimum à faire quand on donne la réplique à ces enfants.
Lupita nyong'o en est l'exemple le plus marquant. Elle est Henriette, ses mimiques, sa beauté, la force qui émane d'elle rend possible l'histoire incroyable de femme africaine, veuve mère et seule. Et c'est en ça que je suis la plus reconnaissante au film. Le discours sur cette mère courage qui apprend la force à ses enfants et qui leur permet d’être des gens biens. Cette femme qui affrontera la misère sans aucune compromission, pour ne jamais montrer le mauvais exemple à ses enfants. Et qui fera toujours au mieux pour eux. Ne baissant jamais les bras, et se battant chaque jour.
Elle n'est pas la seule femme forte de ce film. Sa fille est la fille de sa mère. Elle est têtue, courageuse, volontaire, investie et pense autant à sa famille qu'à elle.


Ce film m'a émue par son discours, par ses personnages, par la force qui émane de lui. C'est un film sans concession pour un Disney. Et pourtant il n'y a aucune date de sortie en france. Je ne ferai pas de politique à trois balles, mais je me demande ce qui peut bien l'empêcher de sortir .